40000
Il y a deux jours, j'ai entendu à la radio qu'environ 40000 étudiantes se prostituaient pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Cette nouvelle m'a fait beaucoup de peine. Etudiante moi-même il y a quelques années, j'avais la chance de vivre encore chez mes parents, et de me payer de temps en temps une séance de cinéma, ou un verre avec des amis. C'était juste un peu avant que la place de cinéma ne coûte 10 euros et le verre de vin, 4.
L'année dernière, licenciée de mon travail, j'ai connu une période angoissante. A la suite d'une dispute entre nous, mes parents avaient déclaré qu'ils ne m'aideraient plus financièrement, et du jour au lendemain, je me retrouvais avec 600 euros d'assedics pour vivre chaque mois, un loyer à 400 euros, une carte orange à payer, quelques factures par-ci par-là et surtout, le besoin de manger chaque jour. J'ai eu beaucoup de chance, j'ai retrouvé un travail presque immédiatement, et j'avais un petit ami (et de bonnes copines) prêts à faire quelques courses pour moi en cas de besoin.
Mais si je n'avais pas eu de chance? Si je n'avais pas eu de petit ami? Si j'avais dû trouver de l'argent sous menace d'expulsion? On peut emprunter à des copines une fois ou deux, mais après?
Après, je serais allée frapper à toutes les portes pour du travail, et encore après, si je n'en avais pas trouvé, je serais allée ramper devant la porte de mes parents.
Mais je ne jugerais pas les filles amenées à vendre leur corps pour vivre. Je suis simplement désespérée de savoir qu'elles ont à le faire, qu'il y a des hommes qui abusent de la situation, qui abusent de ce contexte économique sordide pour acheter des jeunes filles. Et je suis scandalisée par chaque grand patron qui délocalise, chaque homme politique qui s'offre des vacances luxueuses. Il y a vraiment des gifles qui se perdent.